Issu d’une famille d’ébénistes d’art formés à l’école Boulle, Julien Bouvier est né à Paris en 1913. Son père est tué à la guerre de 1914. Sa mère revient s’installer à Chambéry où elle se remarie. C’est ainsi que le petit garçon, pupille de la Nation, fait ses études à l’orphelinat du Bocage.
Le peintre Jean Bugnard l’accueille dans son atelier lui donnant de bonne heure le goût de la peinture.
A 16 ans, il se présente au concours d’admission de l’Ecole des Arts Appliqués de Paris où il est reçu 1er. Durant cette période, il fréquente plusieurs académies de peinture dont la Grande Chaumière.
Il revient à Chambéry pour ne plus quitter la Savoie.
Il fait son service militaire dans les chasseurs alpins au 13ème B.C.A. et servira d'abord au 93ème B.C.A. puis au 87ème B.C.A. pendant la guerre de 1939-1940
A ses débuts, il réalise de nombreux dessins publicitaires et illustrations de livres et catalogues, ce qui lui permet de vivre. Il se marie en 1937, ouvre un atelier à Chambéry et commence sa carrière de peintre. Certaines de ses plus belles toiles ont été détruites dans l’incendie de son atelier lors du bombardement de Chambéry en 1944.
Membre du T.C.A.M et du C.A.F, il part souvent en haute montagne. Ce ne sont plus qu’ascensions et randonnées au cours desquelles en emportant son matériel sur son dos, il traduit dans ses multiples études toute la magnificence des sites parcourus. Citons au hasard : le Mont Aiguille par les tubulaires, l’aiguille de Doran en Maurienne, le Grand Roc Noir de Termignon, la Dent Parrachée, les glaciers de la Vanoise, le Mont Pourri, le Mont Blanc, le Mont Blanc du Tacul, la plupart des sommets du massif de Belledonne, le pic de l’Etendard, les Trois Pucelles…
Ses panoramas sont bien construits, ses couleurs lumineuses. Il s’agit là d’un solide peintre de montagne.
Ami de Joseph Communal, Cariffa, Poignant, il fait partie du groupe de peintres alpinistes chambériens. Au cours d’expositions communes, nous retrouvons les mêmes sujets : le lac de l’Eychauda, de vieux villages comme Bessans, les Brévières.
Membre des Comités de deux Sociétés artistiques de Chambéry : l’Union artistique de Savoie et la Société savoisienne des Beaux Arts où il expose régulièrement à leurs salons annuels. Il participe à de nombreuses expositions, notamment : le Salon des Peintres de Montagne à Paris, le Salon d’Automne, Lyonnaise des Beaux arts, S.A.A de Grenoble. Galeries Duncan et Raspail à Paris, Arts et Reflets à Nice, Galerie Mollens à Chambéry etc… Plusieurs fois sélectionné pour le Grand Prix de la ville de New York.
En 1960, des problèmes de santé lui interdisent l’altitude. C’est alors qu’il peindra la campagne des environs de Chambéry : le lac du Bourget, les Abîmes de Myans, les Belledonnes, le Bugey… Ce paysagiste a aussi aimé composer des natures mortes au fruits pulpeux et appétissants, des bouquets de fleurs : zinnias des jardins ou marguerites des champs… Il réalise des dessins humoristiques, des caricatures et poursuit son travail de dessinateur publicitaire en confectionnant de nombreuses affiches pour la Foire de Savoie, des étiquettes de vin, des logos pour de nombreux commerçants chambériens.
Homme simple et modeste, sa gentillesse et sa discrétion ne lui attirent que des amis. A côté de la peinture, il chante ! il est le Ténor soliste de la Maîtrise Métropolitaine et du Cercle Orphéonique de Chambéry. Il sera sollicité pendant de nombreuses années pour chanter le « Minuit Chrétien » de la messe de Noël à la Cathédrale, également très demandé pour sa prestation de l’Ave Maria de Gounod lors de messes de mariages.
Il devait disparaître trop jeune le 23 janvier 1973. Pourtant, ce chantre de la belle couleur si bien rendue et conforme aux canons de l’efficacité descriptive, avait dit tout ce qu’il pouvait exprimer.
Françoise Savy Bouvier (fille du peintre)